Je viens de finir deux ouvrages
qui m’ont émue bien qu’étant dans des registres très différents…
le premier tout en légèreté, douceur, amour et humour
le second nous plonge dans l’impensable, l’inacceptable, le parcours d’une femme à qui la vie n’aura rien épargné…
de François d’Epenoux
aux Editions Anne Carrière
Le mot de l’éditeur : 3 heures du matin. Assis dans un fauteuil sous le rond de lumière d’un abat-jour, un homme de 50 ans donne le biberon à son nourrisson de 3 mois. Entre eux : un demi-siècle et 96 kilos de différence. D’un côté un homme mûr, encore tout étourdi de cette paternité tardive. Revigoré par cette vie naissante, mais mesurant combien la sienne sera balisée désormais, et projeté brutalement dans un avenir lointain : il aura 80 ans quand cet enfant en aura 30. Confiant dans l’espoir qu’incarne ce petit être, mais terrifié aussi à l’idée de le jeter dans le bain d’un monde angoissant. Perplexe devant cette posture de papa poule, lui qui, encore célibataire quelques mois plus tôt, biberonnait à sa façon dans le monde de la nuit. Fier de cet enracinement patriarcal mais triste à l’idée de renoncer en grande partie, par cette sédentarisation même, aux voyages, à l’imprévu, à l’aventure. De l’autre, minuscule dans les bras de son père, un bébé qui a la vie devant lui ; qui tète goulûment entre deux endormissements ; qui gigote dans son body, gazouille et grogne, comme enivré, d’autant plus assoiffé de vie qu’il est né » en état de mort apparente » et a été » récupéré à M7 » – c’est-à-dire après 7 minutes de massages cardiaques. Dans ce dialogue silencieux, qui commence à l’heure bien réelle d’un biberon pour s’achever dans une intemporalité imaginaire, s’expriment tous les paradoxes d’une confrontation entre un nouveau-né et un père encore jeune, mais déjà avancé dans la vie, et tous les enjeux et questionnements qu’un tel événement peut impliquer. Une drôle de fable à découvrir, en somme. Une comptine qui, entre l’anecdotique et l’onirique, l’humour et la poésie, pose un regard sur le monde et le redoutable bonheur d’être père.
L’avis de BBB’s Mum : tout en sensibilité, légèreté et humour, ce papa raconte à son enfant, le temps d’une fin de nuit, LEUR histoire et lui confie ses questionnements dans un immense élan d’amour paternel empreint de sagesse, d’émerveillement mais aussi d’humour. C’est doux, paisible, attendrissant, une belle lecture sur une paternité vécue positivement.
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de Anne Lorient et Minou Azoulai
aux Editions De La Martinière
Le mot de l’éditeur : » Pendant des années, je n’ai pas osé aller chez un médecin pour ne pas montrer mon corps, mutilé de toutes parts. Pendant des années, je n’ai pas osé aller chez le dentiste, parce qu’ouvrir la bouche et sentir des mains près de mon cou provoquait des crises de panique. Comme lorsque mon frère voulait m’immobiliser ; comme lorsque les violeurs de rue me faisaient taire. Les quarante premières années de ma vie ont été des années barbares. Effroyables. Suffocantes. Je veux réussir les quarante à venir. Pour mes enfants, et pour moi. Dans ce livre, je raconte les viols de mon frère, l’aveuglement de mon père, ma fuite et ma déchéance, les quinze années sans toit au-dessus de ma tête. Et pendant ces années-là, de nouveaux viols – vingt, trente, à partir d’un certain nombre, je n’ai plus compté -, par des voyous de la rue aussi bien que des cadres en costume provenant des tours de bureaux de la Défense. Ils ont écrasé et volé mon enfance ; ma vie entière. Je n’ai pas pu tout écrire, car certaines violences sont inaudibles… J’ai toujours perçu l’effroi dans les regards des psys et des gens qui ont voulu m’aider. C’était trop pour eux. Alors que dire pour moi ? Aujourd’hui j’élève mes enfants, la maternité m’a en partie réparée ; je m’y consacre pour réinventer avec eux une vie paisible et riche d’amour. Bon nombre de SDF ne sont pas dans la rue faute d’argent. Ils y sont parce qu’on leur a fait du mal et qu’ils ne savent pas ce qu’est une vie normale. J’écris aussi pour eux. » Anne Lorient
Anne Lorient a 45 ans. Elle a enfin aujourd’hui un toit pour ses enfants. Minou Azoulai est journaliste, réalisatrice, productrice de documentaires et de reportages (notamment pour Envoyé Spécial).
L’avis de BBB’s Mum : Anne née dans une famille de province appartenant à la petite bourgeoisie, pourtant derrière la façade de gens « bien » se cache un frère incestueux, une mère alcoolique et peu aimante, et un papa qui préfère fermer les yeux… elle fuit mais connaît alors la rue, se slois impitoyables, ses violences les plus sordides. Une lecture prenante mais terrible, puisqu’on voit le sort s’acharner sur cette femme si attachante, à chaque épreuve se succède une autre, un peu plus horrible, un peu plus inacceptable. Quel courage que de se replonger dans ces souvenirs pour livrer ici un témoignage fort, quel soulagement de savoir à la fin de ce livre, cette femme enfin à l’abri après tant d’années d’enfer.
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Merci aux Editions Anne Carrière & De La Martinière
Le premier me semble très intéressant, en tout cas les mots de l’éditeur donne envie.
Le second est le genre de lecture que j’avais beaucoup avant, j’aimais ces lectures car j’admirais ces femmes (toujours des femmes) qui avaient su dire stop et qui osent parler malgré la peur et j’étais rassurée de voir que malgré l’horreur, il pouvait y avoir du bonheur même si il était fragile. Depuis que je suis maman, j’ai plus de mal à lire peut être parce que ça me fait peur, parce que j’ai plus conscience des choses et que mon dieu que la vie peut être injuste et cruelle pour certaines personnes. J’aurais peut être un jour l’occasion de le lire mais je suis sûre qu’il doit être poignant.
oui je comprends, je t’avoue avoir pleurer devant tant d’injustice et ce sort qui s’acharne sur elle, c’est très dur, mais très bien écrit…
Moi aussi j’aurais du mal avec le second livre… Une réalité malheureusement trop dure à affronter avec l’empathie exacerbée d’une maman, j’ai honte de l’avouer…
Le premier semble très intéressant !
je comprends, les premières pages ont été dures, mais le personnage est tellement touchant…
Le deuxième livre m’a l’air difficile à lire… Il me rappelle un bouquin que j’ai lu il y a longtemps, qui s’appelait « Moi, Christiane F., droguée, prostituée » : cela m’a l’air du même registre.
J’ai lu les 2, et crois-moi celui ci est encore plus dur et plus touchant…
J’ai lu Mes années barbares et c’est un témoignage vraiment difficile… Anne en a vraiment baver et c’est une femme vraiment courageuse !
Le premier livre a l’air beau aussi, je vais tenter de me le procurer 🙂
oui quel courage
le premier livre quant à lui est plus léger, il se déguste comme un bonbon !
rien que ton descriptif concernant le second ouvrage me bouleverse….
je suis touchée par une telle écriture délicate après un tel parcours !